Blood Flow Restriction
Le BFR, c’est quoi ?
Le Blood Flow Restriction (BFR) est une technique d’entrainement combinant une faible intensité de charge à une occlusion de la circulation sanguine pour atteindre les mêmes résultats qu’un entrainement à haute intensité. Le BFR modifie les facteurs de stress physiologiques aigus tels que la disponibilité locale de l’oxygène dans le muscle et la contrainte de cisaillement vasculaire, ce qui peut conduire à des adaptations qui ne sont pas facilement atteintes avec un entraînement conventionnel (1). Cette technique peut être utilisée en rééducation mais également en prévention de blessure en permettant à l’athlète de mieux supporter les charges d’entrainement. En effet, les poids soulevés sont bien inférieurs aux poids habituels, diminuant ainsi les contraintes sur les articulations sans réduire l’efficacité de l’entrainement. De plus, BFR a largement contribué à la compréhension physiologique de la fatigue musculaire, des réflexes de pression sanguine et du métabolisme chez l’homme (1).
A quoi ça sert ?
Ses principaux effets :
- Augmentations rapides de la taille des muscles, de la force et de la capacité d’endurance même avec des intensités et résistances moins importantes !
- Améliore la puissance et la vitesse de changements de direction en augmentant la capacité maximale à produire une force contre un objet externe. Le développement de cette force musculaire peut influencer l’économie des mouvements submaximaux et le potentiel des mouvements explosifs, tels que le sprint et le saut (2).
- Augmentation de la synthèse quotidienne des protéines myofibrillaires dès la première séance de BFR. Cette adaptation augmente le nombre d’unités contractiles dans le muscle.
- Il est possible que certaines adaptations neurales se produisent pour améliorer la capacité de génération de puissance musculaire (1). Ainsi une meilleure activation musculaire pourrait être induite lors de l’exercice, bien que cela soit difficile à prouver pour le moment.
Physiologiquement, il se passe quoi en fait ?
Lorsque l’exercice est combiné au BFR, la disponibilité de substrats essentiels comme l’oxygène ou des sources de carburants extracellulaires véhiculés d’habitude par le sang va être réduite. Ainsi, le corps va être obligé de se tourner vers des substrats locaux comme le glycogène, ou la phosphocréatine pour produire de l’ATP, source d’énergie métabolique pour l’organisme. Ces changements d’apports de substrats énergétiques pourraient augmenter le stress physiologique, et ainsi potentialiser les adaptations mitochondriales (1). En effet, Egan et al (3) ont prouvé qu’en fonction des contraintes du milieu dans lequel se trouvait le muscle, les mitochondries et leurs capacités d’oxygénation pouvaient évoluer et surtout s’adapter. De leur côté, Groennebaek et al (4) ont exposé des preuves physiologiques sur ces adaptations de notre organisme. En suivant leur étude, il a été possible d’observer qu’en 6 semaines d’entraînement en résistance à faible charge combiné au BFR, la synthèse des protéines mitochondriales musculaires et la capacité respiratoire ont augmenté de manière similaire aux changements observés après un entraînement en résistance à forte charge. Ainsi, il est possible d’arriver aux mêmes effets tout en diminuant la charge d’entrainement. Cependant, il semble primordial de continuer les recherches futures sur les adaptations mitochondriales et leur rôle précis dans le développement des capacités physiques.
Pour nuancer, il est essentiel de prendre en considération le système cardiorespiratoire qui est fondamental à l’acheminement des substrats, à l’élimination des déchets et aux processus de régulation du corps entier (par exemple, l’équilibre acido-basique et la thermorégulation). On sait que les changements structurels au sein du cœur prennent des mois à des années d’entraînement (5), ce qui laisse planer le doute quant au mécanisme primaire de l’entraînement BFR à court terme. Ainsi il est tout de même important d’avoir du recul sur ces techniques afin de les utiliser à bon escient, et non seulement tenter d’obtenir des résultats sur les paramètres cardiorespiratoires.
Références :
1. Pignanelli C, Christiansen D, Burr JF. Blood flow restriction training and the high-performance athlete: science to application. J Appl Physiol Bethesda Md 1985. 1 avr 2021;130(4):1163‑70.
2. Suchomel TJ, Nimphius S, Stone MH. The Importance of Muscular Strength in Athletic Performance. Sports Med Auckl NZ. oct 2016;46(10):1419‑49.
3. Egan B, Zierath JR. Exercise metabolism and the molecular regulation of skeletal muscle adaptation. Cell Metab. 5 févr 2013;17(2):162‑84.
4. Groennebaek T, Jespersen NR, Jakobsgaard JE, Sieljacks P, Wang J, Rindom E, et al. Skeletal Muscle Mitochondrial Protein Synthesis and Respiration Increase With Low-Load Blood Flow Restricted as Well as High-Load Resistance Training. Front Physiol. 2018;9:1796.
5. Hellsten Y, Nyberg M. Cardiovascular Adaptations to Exercise Training. Compr Physiol. 15 déc 2015;6(1):1‑32.