Les massages
Quelles utilisations générales et quelles croyances de base ?
Le massage est utilisé dans des approches générales, telles que la préparation à la compétition, entre celles-ci ou pour aider à la récupération après une épreuve, plutôt que pour traiter des problèmes spécifiques (1). Il est sûrement la technique la plus populaire au sein des croyances dans le monde sportif, c’est pourquoi de nombreuses études se sont ainsi penchées sur ses effets dans un but de récupération. Cependant, il existe à ce jour peu de preuves scientifiques sur les effets de ce dernier. Ainsi, beaucoup de ces études ne soutiennent pas son utilisation dans le sens d’une amélioration de la performance, de la récupération après une blessure ou dans la prévention des blessures musculaires. En effet, de nombreuses recherches tendent à mettre en évidence les limites du massage plutôt que ses effets significatifs (2). Certaines études sont mêmes allées jusqu’à ne montrer aucun effet du massage sur les paramètres de récupération (3). Cependant, ces propos sont tout de même à prendre avec du recul et c’est la raison pour laquelle cet article mettra tout de même en lumière les effets réalistes, théoriques ou erronés du massage, afin que chacun puisse s’en faire son propre avis.
Quels effets physiologiques ?
La principale caractéristique du massage repose sur un échauffement des tissus, diminuant irréductiblement la rigidité muscle-tendon. Le massage a également démontré qu’il augmentait l’activité parasympathique en réduisant la fréquence cardiaque et la pression artérielle. Mais aussi en augmentant les substances de relaxation, telles que les endorphines, et en augmentant la variabilité de la fréquence cardiaque (2). En stimulant les endorphines, il joue ainsi directement sur la relaxation, l’humeur mais également les sensations ressenties par l’individu. Ces différentes caractéristiques sont des données importantes à prendre en compte pour la récupération psychologique du joueur. C’est exactement sur quoi se sont attardées les études de Weinberg et al.(4) et de Hemmings (5) puisque ces chercheurs ont attribué au massage, sur base de preuves scientifiques, des effets psychologiques positifs significatifs malgré l’état d’esprit des participants initialement. Le massage peut, au-delà des effets physiologiques, permettre ainsi un retour au calme après un match éprouvant afin de permettre au sportif d’engager un processus de récupération sain et optimalisé.
Ces techniques peuvent représenter un rôle sur la douleur via la notion de Gatecontrol (cette modalité vise à stimuler les fibres nerveuses rapides en les bombardant d’informations afin de bloquer les fibres plus lente, diminuant ainsi la sensation de douleur locale. L’exemple le plus connu repose sur l’action de frotter son coude après se l’être cogné afin que la douleur se dissipe). En suivant cette théorie, serait-il plutôt intéressant de l’utiliser chez un sportif ressentant une gêne particulière ou des courbatures ?
D’autres études ont tout de même affirmé qu’il existait bel et bien un effet du massage sur les sensations de douleurs. Smith et al ont rapporté que le massage effectué 2 heures après l’exercice avait un effet bénéfique sur les courbatures en réduisant le processus inflammatoire (6). De leur côté, Hilber et al ont affirmé que les effets du massage sur la récupération et les douleurs musculaires n’apparaissaient que 48 heures après l’exercice (7). Ainsi, de multiples points de vue convergent et divergent autour de l’influence réelle du massage sur les sensations de douleurs, mais également leurs réelles explications physiologiques.
Selon d’autres chercheurs encore, le massage pourrait aider à réorganiser les fibres musculaires après des efforts conséquents ou des lésions, mais ces effets sont également difficilement prouvables. En espérant que de nombreuses études traitant le sujet verront le jour ces prochaines années.
Sur quoi reposent toutes ces contestations ?
Du côté des points limitants du massage et de ses effets sur la récupération, il est avéré que ce dernier augmente la température de la peau mais il est également prouvé qu’après 10 minutes d’arrêt, les effets se sont déjà dissipés. Les autres limitations évidentes de l’administration de la technique d’effleurage étaient que la température de la peau revenait effectivement rapidement au niveau de base (8), mais que la température du muscle n’augmentait pas dans les muscles profonds (plus de 2,5 cm de profondeur) (9).
Très peu de preuves, voire pas du tout, se manifestent également concernant l’augmentation du flux sanguin via le massage (2), or c’est cette caractéristique qui fonde les croyances les plus populaires de chacun concernant les bienfaits d’un massage sportif en récupération. En théorie, c’est cette augmentation du flux sanguin musculaire qui devrait aider à éliminer les déchets après l’exercice, mais également améliorer l’apport de protéines ou nutriments nécessaires à la réparation du muscle (10). L’augmentation du flux lymphatique pourrait également, en théorie, réduire l’enflure et la raideur après l’exercice en réduisant le contenu interstitiel des muscles et, par conséquent, réduire le désagrément musculaire (11). Cependant, peu voire pas de preuves ne vont dans le sens de cette augmentation significative du flux sanguin ou lymphatique. Il est également difficile de prendre du recul sur toutes ces études, qu’elles aillent dans le sens ou non du massage, puisque de multitudes de techniques, de durées ou de modalités d’application ont été recensées.
En conclusion…
Pour résumer, les résultats de la plupart des études ont montré que l’intervention de massage a augmenté de manière significative les perceptions de récupération, sans améliorer les capacités physiques pour autant. La majorité des preuves indiquent que le massage est efficace pour soulager les douleurs musculaires et améliorer la perception de la récupération, bien que ses effets sur la fonction, la performance et la récupération musculaire ne soient pas clairs (12). Ainsi, il est primordial de garder à l’idée que le massage permet dans tous les cas d’apaiser le patient psychologiquement et physiquement, de l’impliquer dans une dynamique positive concernant sa récupération et de lui offrir un suivi. Si en plus des effets physiologiques surviennent, et ce qu’importe leur intensité, alors c’est encore plus un luxe que le thérapeute ne peut se permettre de mettre sur la touche.
Références :
1. Galloway SDR, Watt JM. Massage provision by physiotherapists at major athletics events between 1987 and 1998. Br J Sports Med. avr 2004;38(2):235‑6; discussion 237.
2. Weerapong P, Hume PA, Kolt GS. The mechanisms of massage and effects on performance, muscle recovery and injury prevention. Sports Med Auckl NZ. 2005;35(3):235‑56.
3. Hemmings B. Effects of massage on physiological restoration, perceived recovery, and repeated sports performance. Br J Sports Med. 1 avr 2000;34(2):109‑14.
4. Weinberg R, Jackson A, Kolodny K. The Relationship of Massage and Exercise to Mood Enhancement. Sport Psychol. sept 1988;2(3):202‑11.
5. Hemmings B. Sports massage and psychological regeneration. Br J Ther Rehabil. avr 2000;7(4):184‑8.
6. Smith LL, Keating MN, Holbert D, Spratt DJ, McCammon MR, Smith SS, et al. The effects of athletic massage on delayed onset muscle soreness, creatine kinase, and neutrophil count: a preliminary report. J Orthop Sports Phys Ther. févr 1994;19(2):93‑9.
7. Hilbert JE, Sforzo GA, Swensen T. The effects of massage on delayed onset muscle soreness. Br J Sports Med. févr 2003;37(1):72‑5.
8. Longworth JC. Psychophysiological effects of slow stroke back massage in normotensive females. ANS Adv Nurs Sci. juill 1982;4(4):44‑61.
9. Drust B, Atkinson G, Gregson W, French D, Binningsley D. The effects of massage on intra muscular temperature in the vastus lateralis in humans. Int J Sports Med. août 2003;24(6):395‑9.
10. Tiidus PM. Massage and ultrasound as therapeutic modalities in exercise-induced muscle damage. Can J Appl Physiol Rev Can Physiol Appl. juin 1999;24(3):267‑78.
11. Tiidus PM. Manual massage and recovery of muscle function following exercise: a literature review. J Orthop Sports Phys Ther. févr 1997;25(2):107‑12.
12. Nédélec M, McCall A, Carling C, Legall F, Berthoin S, Dupont G. Recovery in soccer : part ii-recovery strategies. Sports Med Auckl NZ. janv 2013;43(1):9‑22.