Pubalgie

Pubalgie

Points importants : 

  • Attention aux injections, elles sont rarement la solution miracle 
  • Travail excentrique des adducteurs régulier
  • Bon gainage postural et bonne endurance des muscles du tronc (dos et abdos) 
  • Travail de mobilité des hanches
  • Attention à la progressivité et à la bonne adaptation de la charge d’entrainement. 

La pubalgie, c’est quoi ?  

Les blessures de la hanche et de l’aine représentent 14 % des blessures liées au football, mais la complexité des douleurs à l’aine réside sur le fait que diverses pathologies peuvent rentrer en jeu (1). En effet, la pubalgie est considérée comme une pathologie de surmenage apparaissant progressivement. Elle est pour la plupart des cas unilatérale et se développe à la suite de trop fortes charges musculaires ou articulaires. Elle peut également survenir suite à la répétition de gestes traumatisants, à l’image de cisaillements lors de frappes ou passes trop puissantes. 

On distingue 3 atteintes principales dans le cadre des pubalgies : 

  • Tendinopathie des grands droits (abdominaux superficiels) 
  • Tendinopathie des adducteurs 
  • Ostéoarthropathie pubienne : atteinte osseuse souvent dégénérative ou déséquilibre postural au niveau du pubis 

Avec un traitement conservateur adapté et une bonne prise en charge, selon les cas, la pubalgie guérit en moyenne entre 3 à 6 mois. Cependant, un retour plus rapide peut être constaté chez des sportifs de haut niveau après opération chirurgicale (1).

Anatomiquement, la pubalgie ça comprend quoi ?

Dans la majorité des cas, la pubalgie est causée par le groupe musculaire des adducteurs composé d’un ensemble de 5 muscles situés à la partie médiale de la cuisse : 4 sont mono articulaires et un seul, le gracile, est bi articulaire. Ils prennent tous leur origine sur le pubis à des endroits sensiblement proches, à l’exception du faisceau inférieur du grand adducteur. 

  • Le pectiné : le plus haut et le plus petit des adducteurs, il est également le moins puissant de ce groupe. 
  • Le long adducteur : il est le plus superficiel de tous ces muscles évoqués ici. 
  • Le court adducteur : muscle profond, constitué de 2 faisceaux se situant entre le long et le grand adducteur. 
  • Le grand adducteur : muscle le plus volumineux et le plus puissant du groupe des adducteurs, il se compose de 3 faisceaux enroulés sur eux-mêmes. Son faisceau inférieur s’insère sur la tubérosité ischiatique tandis que le supérieur et le moyen s’insèrent sur la branche ischio-pubienne. Ses terminaisons vont de la ligne âpre du fémur jusqu’au condyle médial de ce dernier pour le faisceau inférieur. 
  • Le gracile : seul muscle bi-articulaire de la liste, il est situé en dedans de tous les muscles précédemment évoqués. Il se termine au niveau de la patte d’oie (face médiale du tibia) en arrière du sartorius et au dessus du semi-tendineux.

Quel traitement et quelle rééducation surtout ?  

La rééducation non opératoire peut être effectuée seule ou associée à des injections de stéroïdes si les résultats au bout de plusieurs semaines ou mois ne sont pas suffisants. Bien que comportant des risques de fragilisation des tissus concernés, ces injections peuvent se réaliser au niveau de la symphyse pubienne ou des origines du tendon adducteur. Cependant, il est primordial de favoriser un traitement conservateur basé sur la kinésithérapie. Cette prise en charge doit commencer par l’évaluation clinique de la stabilité du tronc, de la force et de la souplesse de la hanche, et l’identification des compensations et déséquilibres musculaires. Toutes ces variables sont cruciales puisque ce sont ces déséquilibres qui induiront des contraintes nouvelles ou trop fortes aux structures citées précédemment. 

Lors de la prise en charge en soins, il convient d’ajouter des étirements actifs de la colonne vertébrale et des membres inférieurs pour garantir la préservation de la flexibilité et l’amplitude complète des mouvements, en ciblant les muscles autour du bassin. Bien que tous les chirurgiens aient leur protocole précis, une période de repos initiale de quatre semaines est généralement recommandée en cas d’opération avant de commencer la physiothérapie (2).

Un rôle important est également à donner aux tissus fasciaux lors de la rééducation des pubalgies. En effet, lors de cette pathologie de surmenage, ces derniers ont tendance à modifier leurs propriétés et devenir plus adhérents, limitant ainsi la bonne mobilité et pouvant transmettre des messages douloureux au cerveau. Après ces premières phases de traitement, il est nécessaire de passer à une rééducation fonctionnelle en visant l’incorporation d’activités proprioceptives. Ainsi, des exercices sur une seule jambe, sur surface instable, permettent d’activer la stabilisation profonde du bassin et du tronc, tout en développant la proprioception et la conscience kinesthésique (3)(4).

Le maitre mot de ce site vise à sensibiliser à la progressivité des activités, ce principe s’adapte évidemment à la pubalgie puisqu’elle met en jeu la notion de tendinopathie de surmenage. Elle s’applique en parallèle à la notion de bonne mécanique corporelle lors des mouvements, afin que les contraintes soient réparties équitablement sur les structures du corps. 

Comment prévenir et éviter efficacement la pubalgie ?

La prévention de la pubalgie vise à équilibrer et renforcer les couples agonistes/antagonistes suivants : 

  • Abdominaux et paravertébraux : un travail postural de gainage dorsal et de face est à réaliser régulièrement pour travailler la stabilité du tronc, sa résistance, sa proprioception et son maintien postural. A noter que ce gainage doit se réaliser en dynamique et non en statique pour se rapprocher le plus possible des conditions de la pratique physique. 
  • Adducteurs et abducteurs : il est important de varier les modalités de renforcement en y incorporant tout de même une charge excentrique importante.
  • Ischios-jambiers et quadriceps : le plus judicieux pour ce couple semble le renforcement pliométrique. En effet, ce dernier se rapproche le plus de la physiologie musculaire lors des sauts, réceptions et frappes de balles, permettant ainsi la préparation aux efforts de cisaillement, intenses et nombreux en matchs. 

D’autre part, la notion de souplesse et de mobilité des muscles entourant le bassin est à placer au centre des préoccupations. En effet, des raideurs ou rétractions de ces muscles peuvent modifier la position du bassin et le déséquilibrer face aux contraintes. Ces perturbations morphologiques peuvent être responsables de lésions, puisque l’organisme n’est pas habitué et préparé pour faire face à ces contraintes inconvenantes. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de s’atteler à une routine de mobilité au niveau des hanches, permettant ainsi une bonne relaxation des tissus mous et de l’associer à un programme d’étirements (adducteurs, abdominaux, quadri-ischios). 

Des exercices proprioceptifs de la hanche au quotidien peuvent aussi préparer l’organisme aux innombrables sollicitations présentes au cours des matchs. 

Un bon échauffement fait également partie des piliers de la prévention de blessures. Il est ainsi nécessaire d’y incorporer des mouvements balistiques, des étirements activo-dynamiques, des contractions excentriques et de respecter une progressivité dans les frappes de balle et intensités de changements de direction. 

Références :

1.   Sherman B, Chahla J, Hutchinson W, Gerhardt M. Hip and Core Muscle Injuries in Soccer. Am J Orthop Belle Mead NJ. oct 2018;47(10). 

2.   Ellsworth AA, Zoland MP, Tyler TF. Athletic pubalgia and associated rehabilitation. Int J Sports Phys Ther. nov 2014;9(6):774‑84. 

3.   Woodward JS, Parker A, Macdonald RM. Non-surgical treatment of a professional hockey player with the signs and symptoms of sports hernia: a case report. Int J Sports Phys Ther. févr 2012;7(1):85‑100. 

4.   Tyler TF, Silvers HJ, Gerhardt MB, Nicholas SJ. Groin injuries in sports medicine. Sports Health. mai 2010;2(3):231‑6.