Renforcement musculaire

Renforcement musculaire

Un autre gros morceau de la prévention de blessure repose l’adaptation personnalisée et précise du renforcement musculaire en fonction des besoins de chaque athlète. Ce renforcement vise à améliorer la force d’amortissement, la force maximale et la force explosive réactive. Il est également important d’adapter les programmes d’entrainements physiques à la vélocité et aux profils des joueurs en fonction de leur poste (explosivité / endurance…), la préparation physique se doit d’être bien individualisée. Il a été démontré que des relations directes existaient entre la condition physique de base de l’athlète et son risque de blessure en fonction des charges d’entrainement qui lui sont dispensées. Cependant, il est également démontré qu’un entrainement adapté offre un effet protecteur contre d’éventuelles blessures (1)(2). En effet, des charges d’entrainement chroniques intenses, si l’organisme y est correctement préparé, diminuent efficacement ce risque lésionnel (3)(4). Attention néanmoins aux augmentations excessives et rapides des charges d’entraînement qui sont responsables d’une grande partie des blessures sans contact des tissus mous. Il est également nécessaire de garder un œil sur un possible surentrainement, pouvant être dévastateur pour un athlète lors de sa saison, notion développée dans la partie récupération de ce site. 

Sur quels facteurs jouer en séance pour diminuer efficacement le risque de blessure ? 

Au-delà de l’adaptation personnalisée de la charge, il est primordial de réaliser un renforcement excentrique de qualité et régulier. Ce travail doit notamment s’effectuer sur les ischios-jambiers, sites préférentiels des lésions musculaires chez le footballeur. Pour expliquer brièvement la notion d’excentrique, il s’agit d’une contraction où les fibres du muscle s’allongent, malgré la résistance face à ce mouvement et cette contraction rentre en jeu principalement lors des réceptions ou freinages. Pour imager, si un mouvement est produit par les agonistes avec une force importante, alors il en va de soi que la force déployée par les antagonistes soit suffisamment puissante afin de contrôler les variations d’élongations des muscles. C’est ce bon contrôle qui permet également de prévenir et diminuer le risque de lésions musculaires lors d’efforts violents. En effet, le renforcement excentrique permet de travailler sur l’alignement des fibres musculaires. Cet alignement optimal permet d’avoir un muscle sain, prêt à faire face à différentes contraintes sans risque supplémentaire de lésions. 

Lors des séances, il est aussi primordial de prendre en considération l’âge des joueurs présents dans son groupe puisque cette influence directement les adaptations liées à l’entrainement.

En effet, Gabett et al se sont rendus compte en appliquant le même programme de conditionnement sur 14 semaines à des joueurs juniors (environ 17 ans) et des joueurs seniors (environ 25 ans) que les effets et améliorations étaient différents dans les 2 groupes. De la sorte, l’entraînement a certes amélioré la puissance musculaire et la puissance aérobie maximale chez les joueurs juniors et seniors mais ces améliorations étaient plus importantes chez les joueurs juniors. De leur côté, les taux de blessures étaient plus élevés chez les joueurs seniors. Ainsi, les joueurs juniors et seniors peuvent s’adapter différemment à une charge d’entrainement identique, ce qui suggère que les programmes d’entraînement devraient être adaptées en tenant compte des différences d’âge si l’on veut diminuer le risque de blessures (5)(6).

Exposer les joueurs à de trop faibles charges d’entraînement peut également entretenir un risque de nouvelles blessures. C’est la raison pour laquelle il est primordial de trouver le juste milieu entre le trop et le pas assez puisque c’est entre ces limites que se situeront les meilleurs bénéfices d’adaptations physiologiques du renforcement musculaire. Dans cette nécessité, le rôle des préparateurs physiques prend tout son sens car une connaissance précise de chaque modalité d’entrainement physique permettra une meilleure adaptation au joueur et à son profil. Malheureusement, après une blessure et une fois que les joueurs entrent dans la phase de rééducation ou de réathlétisation, il est difficile pour les praticiens de les exposer à des charges appropriées représentant leur niveau de base. Ces charges leur permettraient d’améliorer leurs qualités physiques, ayant l’effet protecteur contre les blessures mais il est difficile de retrouver une continuité et régularité dans les performances après une période d’indisponibilité plus ou moins longue. Ce travail physique régulier au cours de la saison permettrait d’éviter le « pic » de charges lorsque les joueurs reprennent l’entraînement complet. Cependant, si le joueur sort d’une période d’immobilisation ou d’une phase avec un entrainement beaucoup moins intensif qu’il en a l’habitude, il peut devenir difficile de récupérer ce niveau physique sans qu’il se blesse. Il n’est pas rare dans les équipes qu’un joueur se blesse constamment et tombe en panne à plusieurs reprises avec des blessures pourtant différentes. Toutes ces blessures proviennent du fait que sa charge d’entrainement n’est pas assez élevée à chaque fois pour s’adapter aux exigences des matchs ou entrainements de haut niveau, bien que les processus et délais de prise en charge aient été respectés (1).  Ce type de joueurs expose les kinésithérapeutes, préparateurs physiques et médecin à des difficultés de prise en charge conséquentes et c’est pourquoi il est toujours nécessaire de prendre le temps et d’augmenter, si besoin, légèrement les délais de retour au terrain malgré l’importance sportive et économique du joueur. S’entourer d’un staff médical et sportif compétent est ainsi un des critères les plus importantes pour tirer les bénéfices maximums de son potentiel lors de sa carrière. 

Références :

1. Gabbett TJ. The training-injury prevention paradox: should athletes be training smarter and harder? Br J Sports Med. mars 2016;50(5):273‑80. 

2. Gabbett TJ, Domrow N. Risk Factors for Injury in Subelite Rugby League Players. Am J Sports Med. mars 2005;33(3):428‑34. 

3. Hulin BT, Gabbett TJ, Blanch P, Chapman P, Bailey D, Orchard JW. Spikes in acute workload are associated with increased injury risk in elite cricket fast bowlers. Br J Sports Med. avr 2014;48(8):708‑12. 

4. Hulin BT, Gabbett TJ, Lawson DW, Caputi P, Sampson JA. The acute:chronic workload ratio predicts injury: high chronic workload may decrease injury risk in elite rugby league players. Br J Sports Med. févr 2016;50(4):231‑6. 

5. Gabbett TJ. Performance changes following a field conditioning program in junior and senior rugby league players. J Strength Cond Res. févr 2006;20(1):215‑21

6. Rogalski B, Dawson B, Heasman J, Gabbett TJ. Training and game loads and injury risk in elite Australian footballers. J Sci Med Sport. nov 2013;16(6):499‑503.