Ventouses

Ventouses

Les ventouses, c’est quoi ? 

Thérapie ancestrale utilisée par les Égyptiens et la médecine chinoise, le cupping a connu un bond de popularité grâce à leur utilisation par des sportifs mondialement connus, à l’image de Michael Phelps aux jeux olympiques de Rio en 2016.

Le but de ces ventouses est de créer, à l’aide d’une pompe ou d’une flamme, une dépression pour imprimer un effet de succion important sur la peau. Les ventouses à pompes possèdent un côté plus pratique dans la réalisation mais les ventouses en verre développent une meilleure succion, surtout pour les ventouses mobiles. Concernant les ventouses en verre, s’ajoute l’effet de chauffage qui peut également être intéressant pour la circulation et les tissus locaux. 

Nous n’aborderons que les ventouses sèches dans cet article, c’est-à-dire la thérapie par ventouses sans scarifications (ou saignées). Ces autres techniques ancestrales peuvent présenter certes des avantages, mais reposent sur des manipulations beaucoup plus intrusive et agressives pour le corps. 

Quels effets ? 

Les ventouses peuvent être utilisées dans un cadre de récupération post-effort et jouer sur la fatigue du corps. Les mécanismes potentiels de cette fatigue musculaire comprennent, entre autres, l’accumulation de métabolites dans le muscle et la génération de commandes motrices insuffisantes par le cortex moteur pendant l’exercice (1).

On a supposé que les ventouses pouvaient améliorer la microcirculation locale et ainsi améliorer la fonction musculaire dans les zones affectées. Cela entraîne une réduction des points gâchettes hypersensibles, mais également un meilleur transport des produits sous métaboliques comme le lactate, jouant ainsi un rôle direct sur la régénération musculaire tissulaire améliorant indirectement les performances sportives (2)(3). Un autre marqueur est à prendre en compte en parallèle du lactate : la créatine kinase. Cette dernière est utilisée pour évaluer les lésions musculaires induites par l’entraînement, permettant de déduire l’état potentiel de récupération et de préparation à l’entraînement (4)(5). On suppose qu’une diminution des valeurs de cette enzyme à la suite d’interventions thérapeutiques représente une amélioration de la régénération musculaire, et donc une préparation à la performance. La littérature témoigne d’une baisse de la concentration de créatine kinase chez les sportifs, après des efforts importants chez les personnes ayant utilisé la cupping therapy par rapport à des groupes témoins. Cela consolide ainsi un peu plus les bienfaits de cette technique pour la récupération. La ventouse va également être responsable d’une hypoxie localisée qui induira une vasodilatation de tous les tissus environnants, pouvant améliorer la microcirculation sur le long terme (6). L’augmentation du flux sanguin proposée par les ventouses permet ainsi d’éliminer plus rapidement les déchets métaboliques et de récupérer de manière plus efficace sur le plan physiologique. Cependant, bien que l’effet retardé sur la récupération soit avéré et prouvé scientifiquement, les effets immédiats sur l’efficacité de cette technique sont encore à débattre. 

Les ventouses ont également d’autres cordes à leurs arcs puisqu’elles jouent aussi sur les amplitudes de mouvements. Ces modifications peuvent s’expliquer en impliquant les fascias, qui comportent des mécanorécépteurs et des récepteurs des muscles lisses. Ces structures, lorsqu’elles sont stimulées, peuvent contribuer à réduire le tonus sympathique, ce qui entraîne des modifications du tonus musculaire (7). Un bon relâchement de tous ces tissus mous augmente la mobilité et tient sa part de responsabilité dans une biomécanique saine chez les sportifs. Les fascias comprenant également des nocicepteurs, ils sont souvent synonymes de douleurs articulaires ou musculaires. En utilisant la succion, les ventouses ont la capacité de soulever le tissu fascial et de l’étirer, pouvant ainsi modifier ou diminuer les messages douloureux remontés au cerveau (8).

Comment les utiliser ? 

Il est possible d’utiliser les ventouses simplement en statique sur des points précis d’acupuncture, le long des muscles pour aider la récupération mais également tout autour et sur les zones douloureuses. Les poses de ventouses doivent durer généralement entre 15 et 20 minutes tout en gardant une attention précise sur les ressentis du patient. 

Elles peuvent cependant également être utilisées de manière mobile : la succion est maintenue et le thérapeute vient déplacer la ventouse lentement le long des muscles ciblés. 

Les marques de ventouses sont normales et ne présentent pas de risques particuliers, bien qu’elles puissent être impressionnantes si le sportif n’est pas prévenu. 

Quels rôles peuvent avoir les ventouses dans la prévention de blessures ? 

La cupping therapy peut ainsi jouer un rôle dans la prévention de blessures en entretenant la bonne mobilité de tous les tissus entre eux. Cette bonne mobilité limitera le nombre d’adhérences ou des restrictions biomécaniques pouvant aboutir à des lésions. Elle joue également un rôle important pour assurer, à l’aide d’autres techniques également, une récupération plus poussée. 

Références : 

1.         Enoka RM, Duchateau J. Muscle fatigue: what, why and how it influences muscle function. J Physiol. 1 janv 2008;586(1):11‑23. 

2.         Cramer H, Lauche R, Hohmann C, Choi KE, Rampp T, Musial F, et al. Randomized controlled trial of pulsating cupping (pneumatic pulsation therapy) for chronic neck pain. Forsch Komplementarmedizin 2006. 2011;18(6):327‑34. 

3.         Bridgett R, Klose P, Duffield R, Mydock S, Lauche R. Effects of Cupping Therapy in Amateur and Professional Athletes: Systematic Review of Randomized Controlled Trials. J Altern Complement Med N Y N. mars 2018;24(3):208‑19. 

4.         Brancaccio P, Maffulli N, Limongelli FM. Creatine kinase monitoring in sport medicine. Br Med Bull. 2007;81‑82:209‑30. 

5.         Koch AJ, Pereira R, Machado M. The creatine kinase response to resistance exercise. J Musculoskelet Neuronal Interact. mars 2014;14(1):68‑77. 

6.         Emerich M, Braeunig M, Clement HW, Lüdtke R, Huber R. Mode of action of cupping–local metabolism and pain thresholds in neck pain patients and healthy subjects. Complement Ther Med. févr 2014;22(1):148‑58. 

7.         Schleip R. Fascial plasticity – a new neurobiological explanation: Part 1. J Bodyw Mov Ther. janv 2003;7(1):11‑9. 

8.         Tham LM, Lee HP, Lu C. Cupping: from a biomechanical perspective. J Biomech. 2006;39(12):2183‑93.